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vendredi 16 mai 2008

Grève une réclamation datée…. N°205 - 1ere année

Hier matin, sur RTL les propos du secrétaire d’Etat à la fonction publique, André Santini, sur la grève («un mode de réclamation daté ») le jour même de la manifestation de fonctionnaires ont donné le ton général. Rappelons que le 21 novembre 2007, pendant l’automne social, il déclarait sur LCI¹ que l’on assistait « peut-être à la dernière grève ».
En fin d’après-midi, alors que les défilés partout en France se terminaient, le Président de la République a déboulé, sans crier gare, sur le devant de la scène pour prévenir que le service minimum dans les écoles serait obligatoire après l’adoption d’un projet de loi avant les vacances parlementaires estivales.
Le droit de grève est un droit constitutionnel (article 7 du Préambule de la Constitution de 1946 incorporé dans la Constitution de 1958)²au même titre que le droit à une arme à feu pour le citoyen est garanti par la Constitution des Etats-Unis. Nul ne songe là-bas à y toucher sauf en période électorale quand un candidat un peu original évoque très rapidement un aménagement.
En France, pas de puissants lobbies seulement des syndicats, des politiques et un peu plus loin dans la plaine les soixante millions de citoyens entre aube et crépuscule.
André Santini trouve la grève datée en son mode actuel : le défilé avec pour conséquence des services publics fermés, des entreprises closes.
Son remède prendre exemple sur les Japonais qui prennent un brassard d’une couleur noire pour indiquer leur protestation. André Santini se réfère à une société divisée en castes pour la transposer dans une société qui a conquis de haute lutte ce droit fondamental : faire la grève. Bref, la France n’est pas le Japon. Allons plus loin et suggérons même de réserver une place publique dite de grève pour y "éructer" à certaines heures évidemment !
Au-delà le propos du secrétaire d’Etat n’est pas une bévue mais un propos réfléchi qui s’intègre parfaitement dans le rapport de force que l’actuel Chef de l’Etat voudrait instaurer lors de problèmes sociaux-économiques dans les secteurs privés et publics.
Ne nous leurrons pas, rendre injustifié le défilé de citoyens en grève enlève, dans des pays comme le nôtre, toute visibilité médiatique d’un conflit social. On sait que le Président est obsédé par l’image. Qui entend parler des grèves ici et là dans des entreprises, des ports ? Comment le saurait-on si les caméras ne les filment pas pour les montrer aux JT ? Le Net serait-il la parade contre cette invisibilité protestataire ? Pas complètement. Pour la majeure partie des Français, l’information télévisuelle officialise l’événement.
Faire, enfin, du gréviste, un manifestant en retard sur le monde est caricatural. Il y a des moments où nécessité fait loi : descendre dans la rue est le seul moyen de se faire entendre sur le forum de la cité.
Le pouvoir exécutif craint beaucoup les humeurs françaises. Il sait notre tempérament et ne peut écarter une soudaine explosion. Par tactique, il essaie de décrédibiliser, de délégitimer une grève exprimée dans la rue.
Quand le Président de la République annonce d’un air décidé que l’accueil dans les écoles primaires sera obligatoire (rien de choquant en soi) il espère créer la confusion et décrédibiliser le droit de grève et les manifestations à venir dans la rue. Nicolas Sarkozy ne se trompe-t-il pas et avec lui André Santini son habile porte-voix ?

©Jean Vinatier 2008

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Notes :
1- Emission de Christophe Barbier
2-Article 7 du Préambule de la Constitution d’octobre 1946 : « Le droit de grève s'exerce dans le cadre des lois qui le réglementent »
Le droit de grève figure :
- à l’échelle européenne à l’article 28 de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne (2000)
- à l’échelle mondiale à l’article 8 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1975)

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