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lundi 5 mai 2008

Bolivie: el 4 de mayo N°197 - 1ere année

Coup de tonnerre en Bolivie le 4 mai : l’un des 9 départements qui composent ce pays vote à une écrasante majorité une extension de son autonomie. Extension ? Oui. En 1995 une première autonomie est votée suivie d’une seconde qui autorise l’élection des préfets des départements au suffrage universel.
Le département de Santa Cruz comprend une quinzaine de régions. Il est fier de sa puissance économique. Il est le plus riche du pays (pétrole, gaz, agriculture, élevage), le plus peuplé (à population majoritairement blanche) et assure 30% du produit intérieur brut de la nation. Les aspirations autonomistes se sont manifestées à plusieurs reprises : elles trouvent un écho auprès d'autres départements comme le Tarija (au sud) et le Pando (au nord) très importants sur le plan économique.
Les Boliviens amérindiens (55%) fortement opposés à l’autonomie de ces départements
(« Les riches veulent faire sécession ») craignent une reprise en main de l’ensemble du pays par une minorité « blanche » (15%), puissants propriétaires terriens et acteurs financiers incontournables.
L’élection d’un Indien, Evo Morales en 2005 à la présidence a accéléré les demandes des autonomistes et ce d’autant plus qu’il annonçait tout de go une redistribution des terres et la nationalisation des entreprises de gaz et de pétrole. Pour les Indiens c’est une joie, une revanche contre des siècles d’exploitation, pour les autres c’est l’inquiétude confirmée.
La Bolivie a débuté avant toutes les autres colonies espagnoles la guerre d’indépendance (1809), a pris pour nom celui du libérateur Bolivar.
En 1825, le pays avait une superficie de 2,5 millions de k,2, en 1934, il ne comptait plus qu’un million de k2. Que s’était-il passé ? Eh bien ! la Bolivie perdait son accès au Pacifique lors de la guerre contre le Chili (1879-1884) puis s’inclinait pendant la guerre du Chaco (1934) devant le Paraguay. En 1904, La Paz vendait le territoire d’Acre au Brésil.
Constat général, la Bolivie est l’état sud-américain qui a perdu le plus grand nombre de territoires (avec la Colombie). Conséquence, l’identité bolivienne est devenue une question fondamentale parmi la population.
On pourrait se contenter de cataloguer les autonomistes dans le camp des « méchants » au risque de négliger l’essentiel. Le Crucinien¹ est aussi nationaliste que l’habitant d’Altiplano où est la majeure partie de la population. Il n’entend pas sortir de la Bolivie. Le gros problème bolivien a été celui de se doter d’une frontière. Au fur et à mesure que sa superficie se réduisait, l’angoisse de disparaître grandissait. L’Altiplano devenait un territoire de repli devant la frontière orientale avec le Brésil longue de 3400 kilomètres et parfaitement imprécise. On la disait immatérielle. Les élites forgèrent depuis l’Altiplano une « bolivianité » : Alvaro Garcia Cruz l’écrit « Prendre la partie pour le tout, choisir ce qui s’adapte le mieux aux intérêts de l’identité et le réinventer, là réside l’essence de tout nationalisme et au final de toute identité »²
En quelque sorte, les Boliviens se remirent en marche en direction du Brésil. Ce sont surtout les populations originaires des départements andins du Nord qui bâtirent des villes et donnèrent naissance « à une zone transfrontalière intégrée entre le Brésil et la Bolivie » aux commerces divers y compris celui du narco-trafic.
Cette implantation donna une visibilité à la frontière
: « La création de cette zone transfrontalière, où l’intégration économique avec le Brésil est de plus en plus forte ne s’accompagne pas d’un affaiblissement de la frontière/barrière : elle renforce l’appartenance nationale »³.
Ce détour par la marge du pays compte pour comprendre l’enjeu derrière les autonomies. Il y a d’abord les tensions très fortes et dangereuses entre les Boliviens amérindiens et les « blancs », ensuite l’évolution du cadre institutionnel du pays, centralisme ou autonomie, puis, la réappropriation des sources énergétiques par l’Etat, la distribution des terres et, enfin, le fossé abyssal entre les riches et les pauvres.
Le référendum du 4 mai qu’il soit légal ou pas montre bien la difficulté de la Bolivie à parfaire son identité où la question indienne compte énormément. Evoquer l’explosion du pays est prématuré, les 8 millions d’habitants sont d’abord Boliviens. Si Philipp Golberg actuel ambassadeur américain, se laisse aller à parler de « république de Santa Cruz », il commet une faute. Le diplomate a été en poste dans le Kosovo ce qui explique la facilité avec laquelle il brûle les étapes. Il est vrai également que la politique américaine en Mésopotamie, au Kosovo, en Somaliland…etc évacue les infrastructures étatiques d’un revers de la main au profit d’une base, d’une « green zone ».
Il reste donc le coup d'état, un
Il pleut sur Santiago II......


©Jean Vinatier 2008

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Notes :

1- habitant de Santa Cruz de la Sierra
2- in « la fabricación de las identidades nacionales : algunas considaraciónes » in Revue électronique de civilisation contemporaine- Europe Amérique Latine, 2002, p.2
3- Laetitia Perrier-Brusle, « La frontière orientale de la Bolivie. Comment bolivianiser les marges du pays ? » in Lazos, n°7, 2005, p.11

Sources :

http://www.lostiempos.com/
http://www.la-razon.com/versiones/20080505_006263/

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