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jeudi 24 janvier 2008

Vers une monnaie mondiale? N°124 - 1ere année

Est-ce la fin de la crise ? Le professeur Shiller dans Les Echos répond par la négative pour la crise immobilière : « Le système financier va souffrir, les faillites personnelles vont se multiplier. Nous n'en sommes qu'au début. Nous assistons à la plus grave crise immobilière depuis la Grande Dépression de la fin des années 1920. Ses conséquences économiques ne seront sans doute pas aussi sévères même si le risque de récession est non négligeable. Mais on va assister à une véritable destruction de valeur. Des millions de gens vont perdre leur maison, et ce qui me chagrine, c'est que tout cela résulte de comportements parfois malhonnêtes. Le public a été entretenu dans un mythe, à savoir que le prix des logements finit toujours par remonter. On a poussé des gens à acheter des maisons surévaluées en recourant à des emprunts extrêmement complexes. »¹ Les explosions des bulles immobilières anglaise et espagnole sont imminentes. La Banque d’Angleterre tâche de l’anticiper en encadrant les taux de remboursement des emprunts. L’injection par la FED plus de 145 milliards en urgence conjuguée à une baisse très forte des taux en attendant (peut-être) une seconde le dernier jour de janvier éclairent bien le sentiment de panique devant une machine financière emballée. Crise du crédit. Crise bancaire. En deux coups tout le monde du dollar est frappé à son cœur.
Georges Soros dans une interview publiée par le Financial Times note le côté historique « la crise actuelle marque la fin d'une ère de l'expansion du crédit basé sur le dollar comme monnaie de réserve internationale. The periodic crises were part of a larger boom-bust process.Les crises périodiques faisaient partie d'un grand processus de surchauffe. The current crisis is the culmination of a super-boom that has lasted for more than 60 years. La crise actuelle est l'aboutissement d'une super-boom qui a duré plus de 60 ans ».² Avant de prendre acte de « la fin de l’ère de l’expansion par le crédit grâce au dollar institué par les USA comme la monnaie internationale de réserve ».
Etonnante mondialisation par sa rapidité à accélérer le changement dans tous les domaines. En 1945 les USA eurent la main directrice pour dessiner le monde monétaire. Le 15 août 1971, le Président Nelson décidait que le dollar ne serait plus convertible en or. En janvier 2008, les autorités financières majeures voulant stimuler l’économie butent sur l’absence de volonté du monde actuel pour accumuler des réserves en dollars supplémentaires.
Le mot de récession est sur toutes les bouches alors que la réorientation radicale de l’économie passe d’abord par les nouvelles puissances notamment asiatiques (Chine, Inde) assistées indirectement par la venue soudaine, brutale des fonds souverains en majorité arabes. On rétorquera que ces nouvelles forces sont gorgées de billets verts. Elles doivent les utiliser pour poursuivre leur modernité sans être dans un état de dépendance d’une seule monnaie.
Les candidats américains, démocrates, républicains rassureront-ils leurs citoyens en promettant des mesures protectionnistes pour sauver leur mode de vie ? Pour l’heure, ce n’est pas le cas. Les Etats-Unis comme n’importe quelle nation se doit d’être dans l’économie ouverte comme ils surent en être l’avocat depuis des décennies. Une récession serait-elle si grave quand le moteur central de l’économie se déplace et s’installe à l’Est ? Réfléchissons !
Georges Soros propose la création d’un poste de « shérif mondial pour éviter une défaillance systémique ». Un shérif au nom de quoi et de qui ? Depuis 1945 et surtout 1971 les cinq continents tournent autour d’une seule monnaie nationale, le dollar, de facto monnaie-monde. Ne devrions-nous pas penser à fonder une monnaie mondiale détachée de toute nationalité ? Le shérif aurait alors sa justification. Mais une telle pensée suppose une prise de conscience planétaire des gouvernants et l’acceptation par les Etats-Unis du terme de leur suprématie. Il ne faudrait pas y voir un déclin mais un rééquilibre heureux et prudent face aux défis forcément internationaux en cours et à venir. Il faut aussi que les nouvelles puissances économiques s’engagent à prendre le relais pour constituer un concert de puissances continentales où les Etats-Unis seraient présents. Ces puissances sont-elles prêtes ? La réponse est encore négative. Nous sommes donc dans le moment, sans doute, le plus dangereux qui soit, le passage d’une ère à une autre. Le travail qui nous attend tous est d’assumer cette crise systémique. Les banques centrales et les Etats sont encore les seules institutions et structures saines. Le marché ayant clairement montré sa dépendance envers lesdites banques. Tout libéralisme trouve sa borne.
Prochaine étape ? Penser à instituer une nouvelle monnaie de réserve véritablement mondiale. Le moment d’un nouveau Bretton Woods est arrivé.

©Jean Vinatier 2008

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