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mercredi 2 janvier 2008

Sarkozy : retour d’Egypte N°108 - 1ere année

Qui est Nicolas Sarkozy ? Il est Président de la République depuis le mois de mai 2007. Sept mois viennent de passer. Pas un instant le chef de l’Etat ne cessa de nous dire tout ce qu’il faisait pour nous et dans quel engourdissement la France avait plongé depuis 30 ans. Lors de ses vœux, il est revenu sur tous les mois passés et a glissé, habilement, sur ses quelques possibles erreurs.
Il est incontestable qu’il se démène : aucun secteur, économique, social, n’est épargné. Quel que soit l’événement, positif ou négatif, son état-major de communication tient prêt une opération image.
Au bout de sept mois, on ne sait plus s’il tient véritablement au déblocage de la France ou bien s’il entend se substituer au pays pour apparaître seul. Sur un plan psychologique, Nicolas Sarkozy intrigue par son souci permanent, obsessionnel d’occuper le devant de la scène.
L’homme est intelligent, ambitieux, cynique, bref doté des qualités classiques d’un politique qui ne le déparent pas de ces prédécesseurs immédiats : Chirac, Mitterrand. Ces derniers se lovaient dans la fonction du monarque élu et l’histoire française à l’inverse de Nicolas Sarkozy qui semble répondre à ses détracteurs tel Murat agacé :
« Monsieur, l’ancêtre c’est moi. »
De retour d’Egypte, Sarkozy aurait-il dans sa besace un projet de nouvel Etat, d’un régime neuf qui tournerait autour de sa seule personne ?Il est visiblement plus dans un moment de conquêtes personnelles que d’une réalisation collective. On a vu de quelle façon il prenait à cœur son titre de chanoine de Saint-Jean de Latran qui l’autorisait à parler d’égal à égal avec le Saint-Père: « sachez que nous avons au moins une chose en commun, c’est la vocation. On n’est pas prêtre à moitié on l’est dans toutes les dimensions de sa vie, croyez bien qu’on n’est pas Président de la République à moitié, je comprends les sacrifices que vous faites pour répondre à votre vocation parce que moi même, je sais ce que j’ai fait pour réaliser la mienne. » Au passage, il en profite, pour donner un sérieux coup à la loi de 1905 sur les associations qui installait la République laïque: « je sais les souffrances que sa mise en œuvre a provoqué en France chez les catholiques, les prêtres, dans les congrégations, avant comme après 1905 [….] Je sais que votre quotidien est ou sera parfois traversé par le découragement ou la solitude. Je sais aussi que la qualité de votre formation, la fidélité au sacrement, la lecture de la bible et de la prière vous permettent de surmonter ces épreuves…[…] dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. »
Sa « politique de civilisation » liée à la « renaissance de la France » passerait-elle par la case foi ou plus exactement missionnaire ? Son projet d’union de la Méditerranée reposerait-il sur une chrétienté face au monde arabo-musulman ?On entrerait dans un schéma dangereux fort lié aux idées de certains cercles néo-conservateurs américains hantés par le choc des civilisations.
Quel que soit le bout par lequel on veut comprendre Nicolas Sarkozy, on revient toujours sur son MOI et on a le plus grand mal à savoir ce qu’il veut de la France, des Français. Une Présidence de la République n’est pas un règlement de compte avec l’enfance, avec la Société. Nicolas Sarkozy considère que la France s’étant donnée à lui, il peut la métamorphoser à sa guise selon son histoire personnelle. Ce serait un jeu dangereux.
De retour d’Egypte, Bonaparte né dans une Corse tout juste française, voulait imprimer sa marque. Mais son objet politique, qui a abouti à la proclamation de l’Empire, tenait dans son souci de la dimension historique française. Bonaparte puis Napoléon Ier dirent toujours Nous et non Moi. Les Français et lui étaient ensemble. Avec Nicolas Sarkozy, les Français deviendraient « sarkoziens » ou ils ne seraient rien.
Les sept mois écoulés ont assommé les partis d’opposition par la stratégie d’ouverture, les Français par l’omniprésence, les médias par le flot d’images et d’interventions. Mais, sous ce déluge, le Président de la République a introduit des concepts qui pourraient être explosifs : « politique de civilisation », « renaissance française ». Sa politique étrangère alignée sur celle de l’idéologie dominante américaine laisse perplexe : les 13 soldats français tombés en Afghanistan étaient-ils acteurs d’une « politique de civilisation » dans une guerre étrange contre le terrorisme ou le Mal ?

©Jean Vinatier 2008

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