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mercredi 19 décembre 2007

Bientôt en tournée : Farc et Ingrid Betancourt? N°100 - 1ere année

Assez bêtement, nous pensions que la publicité autour de l’idylle Sarkozy/Bruni (ira-t-elle en Afghanistan ?¹) devait seulement faire oublier la semaine agitée aux côtés du colonel Kadhafi alors que nos regards auraient dû se tourner vers la forêt amazonienne. Les Andes et Eurodisnay : Sarkozy Entertainment est sur tous les fronts !
Lors de son récent déplacement en Argentine, François Fillon a rencontré le président colombien, Alvaro Uribe pour convenir, notamment, de la mise en scène de la libération d’Ingrid Betancourt.
Quel serait le deal officiel ? La France et quelques pays européens accueilleraient 500 combattants des FARC libérés des prisons colombiennes en échange de quoi 45 otages détenus par cette organisation paramilitaire seraient rendus aux autorités de leurs pays.
Quel est le deal officieux ? On n’imagine pas que cette soudaine acceptation tant de la part du chef des FARC², Manuel Maulanda Velez, surnommé Tir précis (tirofijo), que du président colombien soit la conséquence du seul verbe sarkozien. Non, redescendons sur terre. Il y aura forcément des contreparties financières et du matériel militaire dans la corbeille de libération à la fois des 45 otages et de la migration de 500 combattants des FARC en Europe. Que vient de dire le président Uribe depuis Bogota:
«Pour les guérilleros qui libèreraient les otages, je pense à ceux qui s'occupent d'Ingrid Betancourt par exemple, s'ils se démobilisent et libèrent Mme Betancourt, et bien nous allons les récompenser, nous allons obtenir une protection juridique et je propose donc un fonds de 100 millions de dollars pour ces personnes » ! Le commentaire présidentiel est un pavé dans une marre que Paris aimerait laisser sans trouble. Uribe ne dit-il pas le montant de la somme que l’on est disposé à verser ? La France, seule avec d’autres pays ?
Si le calvaire des otages se termine sous quelques jours, réjouissons-nous ! Mais le problème ne se situe pas à ce niveau, il l’est sur l’impact qu’aurait une libération sous ces conditions. Ne vient-on pas avouer une négociation en faveur des seuls FARC ? Fera-t-on de même à l’égard d’autres groupes rebelles, terroristes ? Nos démocraties n’ouvrent-elles pas des portes dangereuses ? Si la libération des otages est une finalité à laquelle on doit aboutir, les moyens et, surtout, l’empressement ne peuvent pas être sans conséquence.
L’envie irrésistible du président Sarkozy d’emporter une victoire là où son prédécesseur Villepin échoua piteusement suffit-elle à avaliser toutes les méthodes ? Souvenons-nous du dossier des infirmières Bulgares. Quel fut le résultat ? Une semaine à Paris du Guide libyen, la signature des vrais/faux contrats pour dix milliards d’euros (en réalité, 300 millions).
Que retirerons-nous de cette libération, exception faite de la joie véritable à regarder Ingrid Betancourt parmi les siens ? Pour le président, héros de sa propre série, l’ego prendra du volume. Pour nous, le gros chèque et les armes à destination andine. Pour les présidents bolivien et vénézuélien toujours en concurrence, un exercice de vanité. Pour les FARC, une renommée requinquée.
En résumé, Nicolas Sarkozy prend goût à aller dans les territoires rebelles et pour des femmes…le héros est preux ! Les michu applaudiront.
On reste dubitatif et inquiet. On rétorquera qu’avant Sarkozy, on convenait d’arrangements dans la plus grande discrétion ; aujourd’hui, la caméra est quasiment là. Et alors, en quoi avons-nous progressé ? Nous sommes pleinement dans une société du moment présent, celui du moment T, ni en deçà, ni au-delà. Les téléspectateurs n’auront à retenir qu’une chose, la libération des 45 otages. Après quoi, on passera à un autre épisode de la série ou bien à une autre. Ni plus, ni moins.

©copyright Jean Vinatier 2007
Liens :

1-
http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2007/12/carlo-bruni-bie.html

2-
http://fr.wikipedia.org/wiki/FARC : Les FARC se définissent comme un groupe politico-militaire marxiste-léniniste d'inspiration bolivarienne. Ils déclarent représenter les pauvres du monde rural contre les classes riches de la Colombie et s'opposent à l'influence des États-Unis en Colombie, à la privatisation de l'exploitation des ressources naturelles, aux multinationales et aux groupes paramilitaires d'extrême droite. Ils se financent à l'aide d'une multitude d'activités incluant la prise d'otages (1 600 estimés), l'extorsion, le détournement et la participation directe ou indirecte au marché de la drogue. Cette drogue est en partie vendue au Etats-Unis.

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