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vendredi 16 novembre 2007

Pain, pétrole et démocratie, le slogan planétaire de demain ? N°77 - 1ere année

Jean-Claude Guillebaud du Nouvel Obs écrit dans sa chronique, « Ecoutez voir »: « Un vilain bruit de grelot tintinnabule, ces temps-ci, un peu partout sur la bande FM. On dirait l’écho très assourdi d’un tocsin que n’arrive plus à recouvrir la grosse rigolade qui continue de prévaloir jour après jour sur les radios […] Il n’est pas sans rapport avec l’envolée des cours du pétrole et la raréfaction, partout annoncé de ce dernier. Il annonce des lendemains sombres, mais pas forcément au sens où on l’entend d’ordinaire. Autrement dit, le séisme prévisible serait moins écologique que social et politique ».
Les cours du pétrole font un mouvement de yo-yo en restant à un niveau élevé. Chacun attend le jour où le cours du baril atteindra puis franchira la barre des 100 dollars ! Frôlé quinze jours plus tôt, le cours est descendu à 93 dollars le baril. Les manifestations des marins-pêcheurs ont mis l’accent sur deux choses : la conséquence dommageable sur le développement des coûts des petites structures les plus dépendantes du pétrole et l’inefficacité de l’Etat. Ce dernier sort de sa poche percée des formules et des fragiles bandages, mais c’est tout. Sarkozy contre le derrick, ce n’est pas pour demain.
On imagine facilement les douleurs qui me manqueront pas d’être dans des pays moins nantis que le nôtre. L’Afrique, enjeu stratégique pour les grandes puissances, les compagnies pétrolières, est en première ligne. Elle est un symbole tragique du monde à venir : argent du pétrole et populations affamées. Elle compte, pourtant, des puissances pétrolifères¹ et une agriculture. Que deviendront, par exemple, leurs services de santé, les mini-centrales électriques fonctionnant au fuel ? Quel avenir pour les communautés villageoises ? Quel futur pour la démocratie ?
Que faire contre le coût élevé du pétrole ? Que prévenir contre sa raréfaction ? L’engouement porte bien des esprits urbains et des groupes agro-alimentaires vers le biocarburant. L’ère étant au bio, les applaudissements parcourent la scène mondiale. Fin de la peur, début d’une nouvelle prospérité ? Et bien pas du tout. Pétrole ou pas, il faudra de plus en plus de carburant pour alimenter les activités mondiales. Aimablement, certains pointent du doigt les « immenses besoins » des pays émergents, Chine, Inde histoire de se dégoter fissa des coupables médiatiques. C’est évidemment facile. Le bio-carburant demandera des surfaces agricoles importantes au détriment des cultures traditionnelles, céréales, légumineuses. L’Inde annonce déjà la réservation de dizaines de millions d’hectares pour les plantes énergétiques. Que réservera une nouvelle PAC de l’Union européenne à nos agriculteurs ? La spéculation sur les cours du blé, du maïs, de l’orge qui s’ajoute à celle sur le pétrole, ne peut qu’inciter à ne pas baisser la garde devant les faux messages que l’on proposera aux consommateurs qui seront aussi des hommes.
Le monde étant de plus en plus entre les mains des financiers, des spéculateurs planétaires leur unique credo, le marché, rien que le marché, ne présage rien de bon. Et pour faire passer le tout? Des ONG choisies avec le cortège de stars. Les Etats isolés ou bien regroupés dans des organisations telle l’Union européenne ne brillent pas du tout par leur combativité.
La prochaine guerre sera-t-elle entre les automobilistes (supposés riches) et des milliards de pauvres répartis sur les cinq continents ?
Le complot de famine planétaire peut faire hausser les épaules des plus puissants : n’ont-ils pas à leur service des sociétés de mercenaires (Blackwater) en mesure de sécuriser les convois céréaliers, pardon des plantes énergétiques ? La porte-parole de Blackwater, Anne Tyrrell dirait, par exemple, la formule redoutée leurs « employés ont agi conformément à la loi en réponse à une attaque. » Bigre, cela promet !
Hier faute de pain, des régimes ancestraux pouvaient succomber. Demain le slogan planétaire ne sera-t-il pas : pain, pétrole et démocratie?
©copyright Jean Vinatier 2007

¹ : Mauritanie, Gabon, Côte d’Ivoire, Nigeria, Cameroun, Sao Tome et Principe, Guinée équatoriale, Congo, Angola, Soudan, Tchad.
Voir ou revoir:
le film Soleil vert (Soylent green) de Richard Fleischer avec Charlton Heston, sorti en 1973.

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