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lundi 8 octobre 2007

Demain l’Inde dans l’OTAN ? N°48 - 1ere année

L’un des objectifs de Nicolas Sarkozy est de rentrer la France dans l’OTAN, de tourner la page gaullienne de 1966. Ce mouvement pensé et entretenu s’enclencherait quand cette organisation militaire, loin de connaître une faiblesse, entreprend une marche en avant tout à fait considérable vers l’Asie. En un sens ce retour de l’Etat français se ferait pour accompagner une action, espérer le service actif au milieu des commandants US.
L’OTAN naît en Europe en pleine guerre froide. Elle protégeait le continent contre le régime communiste. Cette guerre terminée en 1991 avec l’URSS, n’a pas conduit Washington et les parties contractantes à fermer la boutique. Les guerres en Mésopotamie, en Afghanistan au nom de la lutte contre le Mal ou le terrorisme international d’un côté, la politique du containment vis à vis de la Russie, de la Chine de l’autre et bien entendu les conflits en Afrique sont des faits qui argumentent aux yeux des Etats-Unis, des cercles conservateurs de tous les degrés dans le monde entier, des milieux d’affaires in fine à renforcer les structures militaires existantes. Tel est le cas de l’OTAN.

Aujourd’hui, les manœuvres militaires dans l’océan indien se multiplient. L’Asie reste l’objectif final pour les Etats-Unis. Ils ont besoin de l’OTAN c’est-à-dire d’amener dans leurs rangs des contingents européens comme en Afghanistan pour deux raisons principales: la première ne pas laisser l’Europe se doter d’une défense indépendante, la seconde les USA ne peuvent tenir seuls la planète.

L’Asie c’est la Chine mais aussi le Japon, l’Inde, la Russie avec en arrière plan l’Australie un continent à lui seul. Vis à vis de Pékin pas d’attaque frontale mais un encerclement. Idem pour la Russie. Le Japon acteur dynamique dans le giron américain n’oublie pas son passé et comme l’Allemagne redoutant de revivre l’Histoire se place derrière le paravent étoilé. Tokyo encourage donc la politique entreprise parce qu’il se reconstruit militairement sans inquiéter les descendants de Mac Artur. Sa rivalité ancestrale avec la Chine ne souffrant pas de contestation d’une part, il veut aussi, d’autre part, se prémunir d’une dispute entre Pékin et Tapei. Le gouvernement nippon n’omet pas de regarder assez en avant quand l’Asie toute entière aura conquis ses galons « démocratiques, capitalistes », le soleil ne redeviendra-t-il pas levant ?

Reste l’Inde et son corollaire l’océan indien. Ce dernier couvre un espace colossal, Afrique orientale, Arabie, Australie, Indonésie avec en compléments la mer d’Arabie ou d’Oman, le golfe du Bengale. Au milieu, la puissance mystérieuse, l’Inde, la plus grande démocratie mondiale. New Delhi fait l’objet de toutes les cours américaines. Ne vient-elle pas d’obtenir le développement de son programme nucléaire sans avoir à ratifier le traité de non-prolifération ? Les derniers événements à Myanmar ne l’inciterait-elle pas à taquiner la Chine ? Le secrétaire général de l’OTAN ne vient-il pas d’appeler cette puissance à se joindre à l’OTAN en qualité de « strategic patnership » ?

Sur le papier, le rouleau compresseur otanien obéit à un plan d’occupation planétaire, de contrôle des routes énergétiques, des sources de production selon les intérêts américains et de ses idéaux. N’oublierait-on pas dans cette marche les spécificités indienne et asiatique ?
L’Inde n’a jamais été une puissance conquérante : elle a reçu les envahisseurs lesquels se sont indianisés. Idem pour les musulmans déplacés (voir la politique britannique) en 1947 de part et d’autre de l’Inde (Pakistan, Bengladesh) qui font toujours partie d’un même ensemble. A l’égard de la Chine, New Delhi a une politique d’association ou de non-concurrence et vice-versa. A terme, il y aura évidemment des tensions. Ces deux géants savent naturellement leur place réciproque dans le nouveau monde émergent pour entrer dans une conflictualité telle que les trace les Atlantiques (USA-UE). L’Inde étant un monde qui cherche à se préserver de l’extérieur, elle connaît son histoire sous l’Union Jack et garde un patriotisme tout aussi susceptible que le Chinois. Les gouvernements indiens savent aussi que la question musulmane au Cachemire mais également avec les Tamouls sont deux épines sources de troubles à dimensions variables selon les acteurs à l’arrière plan.
L’adhésion de l’Inde dans l’OTAN ou une quelconque affiliation semble un exercice de haute voltige promis à des déconvenues pour ses promoteurs. L’Inde conçoit sa puissance autrement que par des combinaisons d’alliance où elle retrouverait d’anciennes nations coloniales (France, Portugal, Hollande, Royaume-Uni ) elles-mêmes liées à un traité qui les placent au rang de subordonnés. Opposera-t-elle une fin de non-recevoir à ce partenariat stratégique ? Non. Opinera-t-elle ? Non. Que dira-t-elle ? Rien avant d’avoir complètement pensé le défi stratégique. En un sens elle tient des clefs décisives face à l’OTAN sur la route chinoise. L’Union européenne et la France mesurent-elles correctement l’étendue de l’engagement ?

©copyright Jean Vinatier 2007

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