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mardi 11 septembre 2007

Le Roi qui avait un ami N°29 - 1ere année

Je vous propose deux lettres tirées de la publication de l’ouvrage, Vauban, un militaire très civil, lesquelles sont significatives d’une manière de dire, de demander sans tomber ni dans le dédain, ni dans la flagornerie.
Pourquoi ? N’est-il pas agréable de poser quelque moment sa plume sur le côté de nos faits contemporains dont certains alourdissent notre goût pour l’existence, pour prendre quelque plaisir à la relecture d’une correspondance entre deux hommes unis par l’amitié, l’un régnant, le second sujet mais les deux jamais gagné par la lassitude d’être?



Louis XIV à Vauban, Marly le 22 août 1697 :

« Je suis fort persuadé de votre joie en la prise de Barcelone et sur ce qui est arrivé à Carthagène. Vous êtes trop bon français pour n’en pas avoir et pour ne pas souhaiter ce qui est dans la lettre que vous m’avez écrite. Je pense tout comme vous et je ferai ce que je croirai convenable pour mon avantage, celui de mon royaume et de mes sujets. On s’en peut rapporter à moi qui sais et connais le véritable état où nous sommes. Si la paix se fait, elle sera honorable pour la nation. Si la guerre continue, nous sommes en état de la bien soutenir de tous côtés quoi qu’il arrive. J’aurai la même considération pour vous et vous verrez dans la suite que mon estime et mon amitié sont toujours telles que vous les connaissez depuis si longtemps. »

Vauban à Louis XIV, Paris le 2 janvier 1702 :

« Le bruit qui court à Paris, à Versailles et dans toutes vos troupes, d’une prochaine promotion de maréchaux de France, m’autorise à représenter à Votre Majesté que ma qualité de lieutenant-général, plus ancien que la plupart de ceux qui sont le plus à portée d’y prétendre, et mes services mieux marqués que les leurs, dont je ne veux pour témoin que Votre Majesté, me donnent lieu d’espérer qu’Elle ne me jugera pas indigne de cette qualité.Après cela, Sire, comme je suis absolument dévoué à tout ce qui plaira à Votre Majesté faire de moi, si Elle juge qu’il convienne à son service que je me borne au caractère dont il lui a plu de m’honorer, je m’y soumets de tout mon cœur et je lui sacrifierai sans peine toute mon ambition ; vu même qu’il semble qu’une telle élévation doit être embarrassante pour un emploi ambulant comme le mien qui a tant de places à voir et à visiter et qui se trouve dans une obligation continuelle d’être si souvent mêlé parmi tant d’ouvriers.
Mais, au cas que Votre Majesté juge cette situation nécessaire à son service, qu’Elle ait au moins la bonté d’en rendre un témoignage public qui me disculpe envers ceux qui ne me croient pas indigne de la qualité de maréchal de France. C’est la grâce que je lui demande avec celle de vouloir bien m’en consoler par me donner une maison dans Paris. Elle le peut sans qu’il lui en coûte rien. Il y en a deux qu’Elle fait vendre présentement dont Elle ne retirera pas grand-chose, ne s’y étant encore présenté personne pour les acheter.
Ces deux maisons sont celles de la Couanne et de Saunion. Si Elle a la bonté de m’en accorder une, je lui demande la plus grande avec les jardins et héritages qui en dépendent, la maison pour me loger et les héritages pour avoir de quoi la meubler, et je continuerai le reste de mes jours à la servir avec tout l’attachement et l’affection dont le meilleur sujet du monde et le plus désintéressé peut être capable. »
JV©2007

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