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vendredi 10 août 2007

Sabrer les Kurdes? N°6 - 1ere année


Dans mon précédent article, Chasse-cousin à Bagdad, j’écrivais que le Pentagone multipliait les avis pour contenir la colère des généraux turcs. Aujourd’hui, la tentation américaine serait, peut-être, d’accéder aux désirs turcs. Pourquoi ? Les députés mésopotamiens tenus de voter une loi de privatisation du pétrole en faveur des seules compagnies US ont regimbé puis sont partis en congé.
Quel rapport avec le Kurdistan ? La chute de Saddam Hussein en 2003, ouvrait une période faste pour les nationalistes kurdes lesquels pensaient que la parole de Londres et de Washington était franche. A la fin de la première guerre mondiale les alliés avaient fait dire aux Kurdes qu’ils auraient leur état. Un royaume éphémère en 1922 puis une république kurde d’Ararat en 1927 sombrèrent dans le sang sous le regard complice desdits alliés. La Royal Air Force bombardera les villes et villages kurdes en 1925 en usant de l’arme chimique l’ypérite. La Turquie, la Perse et la nouvelle monarchie Hachémite de Bagdad sabrèrent tranquillement.
En 2007, la situation des Kurdes demeure fragile : leur statut régional ne les autorise à aucune souveraineté et les militants du PKK sans omettre les rivalités internes au sein des principales familles dotées de liens dans toutes les communautés installées en Turquie, en Perse, en Mésopotamie, affaiblissent une volonté unitaire. Invariablement le Kurdistan redevient un enjeu entre des puissances étrangères. Si l’on voit Washington insister auprès d’Ankara pour entrer dans le jeu du nouvel Orient, on remarque aussi la réticence très nette de certains hommes politiques turcs lesquels ne manquent pas de suspecter la politique américaine de perfide. Le Pentagone a besoin des généraux turcs et ces derniers sont liés à leurs sociétés d’armement. A travers cette soudaine pression n’est-ce point le pouvoir civil que l’on voudrait influer ? Le principe retenu tient dans le supposé fondamentalisme du parti victorieux l’AKP. L’argument est facile mais guère résistant. Un deuxième argument supplée au premier, la menace de remettre en état le pipe-line Kirkouk-Mosoul-Haïfa permettant d’exploiter le pétrole du Nord de la Mésopotamie sans l’acheminer vers la Turquie (Haaretz, 1er août 2007). On devine la conséquence financière et économique pour la Turquie en cas d’exécution. Les militaires américains, en tenant de cette manière leurs homologues, rendraient plus improbables toute remise en cause des alliances précédemment conclues.
Dans toute musique le bémol intervient. Ici, une fois encore, les têtes pensantes américaines dédaignent l’effet domino qu’engendrerait une entrée turque et le désordre qui s’y installerait. Mais pour le pouvoir bushien l’essentiel tient dans le business donc celui du pétrole et de la sûreté des tuyaux. L’autre risque serait de faire des Kurdes un ennemi supplémentaire pour les forces d’occupation. Cette politique est celle du pire pour des vues à court terme. Le Kurdistan est un appât. Et pour les Kurdes une énième répétition des horreurs d’antan. Saladin, leur plus illustre héros et ancêtre, un souvenir qui ne les protége plus.

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